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Collages

343 salopes

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La pratique du collage correspond dans mon travail à une nécessité de se raconter dans le quotidien avec des  matériaux à portée de main.

Les déformations, les exagérations du trait, les coulures, les bavures, les gestes enfantins hasardeux, tâtonnant, emballages et tickets, colles, paillettes et découpages grossiers, dessins de mes enfants, autant de traces  prélevées chaque jour.

Ces collages, en format paysage, sur papier blanc, ressemblent à une forme de journal intime, mêlant actualités du monde, de l’art et histoires personnelles. Numérisés, ils jouent le rôle de matrices et constituent un carnet de bord.

“c’est une affaire de bonnes femmes, quelque chose comme la cuisine, les langes, quelque chose de sale. Lutter pour obtenir l’avortement libre et gratuit, cela a l’air dérisoire ou mesquin. Toujours cette odeur d’hôpital ou de nourriture, ou de caca derrière les femmes.”

Phrase issue du texte du Manifeste des 343!

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Edition unique des 343 collages utilisés comme tête de chapitre (cover profil) sur facebook, MySocialBook, 2016

Pour l'oeuvre La Princesse et son Mac, j'ai crée 343 collages utilisés en carnet de bord, ils deviennent les chapitres du conte et une cartographie. Motifs et points d’entrée de l’oeuvre, ils affirment le point de départ : 343 collages pour le Manifeste des 343. Événement incontournable, pour une princesse française ce manifeste est la première revendication politique utilisant la presse pour soutenir une demande d’émancipation et d’appropriation de son propre corps. Une bataille gagnée, mais aujourd’hui toujours aussi fragile.

Par la récurrence de ces trois années et par la quantité, cette pratique banale (un joli petit collage?) se transforme en motifs picturaux au sein des informations quotidiennes variées des réseaux sociaux.

Les collages n’illustrent pas l’insulte ou ces 343 femmes mais le processus de la mise en motif, de la distorsion entre les mots et les corps par la machine médiatique, dont il semble que l’information en soit le nœud : ces passages entre un corps qui avortee, une signature qui revendique et une insulte qui stigmatise.

Le 12 avril 1971, Charlie Hebdo auparavant sur les cendres de Hara Kiri Hebdo, journal satirique, soutient naturellement ce manifeste. Dans ce numéro noir et blanc, “spécial salopes”, Charlie Hebdo titre : “Qui a engrossé les 343 salopes du manifeste sur l'avortement?” et Michel Debré (ministre conservateur caricaturé ici par Cabu) répond en se protégeant de la main d’un coup à venir: « C’était pour la France ! ».

Utiliser un vocable insultant, même dans la dérision, la provocation voulue par Charlie Hebdo entretient un stéréotype machiste. Ce stéréotype a proclamé à la postérité le Manifeste des 343 comme celui des 343 salopes, étiquette par la suite bien malmenée. Glissement d'un vécu à une image généralisante, la vulgarisation du vocable superficialise l’acte. C'est justement cet écart, ce passage entre deux espaces et entre deux informations qui nous intéresse : des rencontres entre ce qui serait de l'ordre du corporel singulier et ce qui serait de l'ordre d’un affichage générique.

La Princesse et son Mac, œuvre et sous-titre de ma thèse, se présente comme un conte protéiforme, écrit à partir uniquement des actualités et rencontres sur une page facebook dont 343 collages rythment les chapitres, pendant une durée de trois ans.

Sa réalisation s’appuie sur les réseaux sociaux Facebook et Pinterest et se matérialise sur une tapisserie en tissu.

Par son titre même, l’œuvre affirme un point de vue strictement féminin et un point de départ questionnant le fossé creusé, par une même information, entre une réalité perçue médiatisée et une réalité vécue revendiquée.

Ecrire un conte en utilisant à la fois les réseaux sociaux et des pratiques artistiques souvent dédiées aux femmes, c’est interroger, dans cette première décennie du XXIème siècle, la place de nos corps entre nos machines communicantes, nos connexions, nos publications et toutes nos traces désormais enregistrées.

Design Marc Veyrat société i matériel

Glitch

Le glitch ne se situe plus dans la perturbation machinique de l’image mais bien dans la récurrence dans le temps, leurs places sur le mur et leurs matérialités. Les collages dénotent et maculent un espace destiné aux images de communication ou aux images amateurs de mauvaise qualité.

Si la violence contenue dans les collages est absorbée par l’aspect décalé presque dérangeant de ces ilôts sur fond blanc, les propos engagés sont également salopés par les effets.

À l’encontre de l’immédiateté du surgissement de l’information, dans le flux du home les collages exigent un temps d’arrêt, un temps de lecture. Les matériaux et gestes sont nombreux, variés, inattendus. Les gestes plastiques se superposent et imbriquent les éléments les uns dans les autres. Un temps de rencontre est nécessaire, il ne s’agit pas d’une image de communication. Chaque collage raconte des saynètes sur les corps et l’amour, ses violences, ses espoirs, mettant en scène des personnalités du monde de l’art, des œuvres connues, des photographies de famille. Les armes, la mort, le sexe, le sang constituent la thématique de ces 343 images, habillées d’une séduction colorée, légère où le glitch s’est déplacé. Ces séductions visuelles présentées comme des salissures presque non maîtrisées créent des décalages qui rendent visibles puis lisibles les failles, les écarts. Chaque collage met en scène des personnages emprisonnés dans un contexte violent, solitaire, une incapacité d’échapper à la matière relatant leur même impossibilité d’être dans le monde.

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